
L'infarctus du myocarde, ou IDM, plus couramment appelé « crise cardiaque », est une urgence cardiologique qui peut engager le pronostic vital. Il est responsable de la mort de 50 000 personnes chaque année en France. Cependant, le taux de mortalité liée à l'infarctus tend à diminuer grâce à la rapidité de prise en charge par les secours, mais aussi grâce à une sensibilisation du grand public aux gestes de premiers secours.
Définition et mécanisme de l'infarctus du myocarde
L'infarctus du myocarde est une urgence cardiologique absolue. Il entraîne la mort de cellules d'une partie du muscle cardiaque.
L'infarctus se produit lorsqu'une ou plusieurs artères coronaires (artères du cœur) se bouchent. Les cellules du myocarde, irriguées par les artères coronaires, ne sont alors plus oxygénées.
Lorsque les plaquettes du sang sont mal oxygénées, elles s'agrègent et forment un thrombus ou caillot sanguin. Ce processus libère des substances « thrombogènes », qui déclenchent une deuxième réaction : le spasme coronaire, c'est-à-dire la réduction brutale du diamètre artériel. Ces deux mécanismes s'associent et s'entretiennent mutuellement. Chacun renforce l'activité de l'autre : il s'agit de la forme la plus courante de l'occlusion coronaire.
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Chiffres de l'infarctus du myocarde en France
Chaque année, en France, 50 000 personnes meurent d'infarctus du myocarde (le taux de survie est de 5 %).
Environ 60 000 personnes touchées par un infarctus du myocarde (IDM) sont hospitalisées en France.
On compte 30 000 infarctus diagnostiqués par la mort subite du patient, atteint sans le savoir.
Près de 50 % des femmes de moins de 60 ans victimes d'un IDM n'ont pas ressenti les symptômes classiques (douleurs dans la poitrine irradiant dans le bras gauche et la mâchoire).
La mortalité hospitalière est de 7 % avant 70 ans et elle est plus élevée au-delà.
Environ 10 % des patients ayant eu un infarctus décèdent dans les 3 ans qui suivent.
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Infarctus du myocarde chez la femme
Le nombre d’hospitalisations pour infarctus du myocarde a progressé chez les femmes de 45-54 ans : de 3 % entre 2002 et 2008, il est passé à 4,8 % entre 2009 et 2013. De fait, le nombre de crises cardiaques chez la femme de moins de 50 ans a triplé au cours des 20 dernières années, au point de devenir la première des causes de décès cardiovasculaires chez la femme.
En effet, les femmes ayant de plus petites artères que les hommes, elles sont plus difficiles à revasculariser, plus fines, plus fragiles et plus sensibles aux effets toxiques du tabac, mais aussi du cholestérol, du diabète et du stress. Or, les femmes de moins de 60 ans ont adopté les mêmes comportements à risque que les hommes. Ainsi, 60 % des infarctus du myocarde chez la femme de moins de 60 ans sont dus au tabac.
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Identification des symptômes de l'infarctus du myocarde
Les symptômes de l'infarctus sont assez simples à détecter. Cependant, il existe des formes trompeuses d'infarctus, dont les symptômes diffèrent de ceux de la forme dite « aiguë ».
Symptômes de la forme aiguë de l'infarctus
Le premier symptôme de l'infarctus du myocarde et le plus facile à distinguer, est la forte douleur ressentie dans la cage thoracique. Cette douleur concerne la région rétro-sternale (derrière le sternum). Elle est violente et inhabituellement intense.
Cette douleur est comparable à la sensation liée à un étau broyant la cage thoracique. Elle irradie dans le dos, la mâchoire, les épaules, le bras, la main gauche, l'estomac. Angoissante, cette douleur entraîne des difficultés à respirer.
Il s'agit de la forme typique de l'infarctus du myocarde. Néanmoins des formes asymptomatiques (sans les symptômes habituels) existent.
Formes trompeuses de l'infarctus du myocarde
Il existe des formes dites « trompeuses » d'infarctus du myocarde, dont les symptômes ne sont pas ceux observés habituellement.
On distingue : des formes particulières, digestives, avec douleurs épigastriques (région de l'estomac), sueur, malaise, douleur vagale, chaleur, éructations, des formes limitées à un malaise oppressant (essoufflement aigu inexpliqué), des chocs cardiogéniques au cours desquels le pouls et la tension sont imprenables, des troubles du rythme cardiaque (palpitations, malaise) et des formes psychiatriques : désorientation brutale, fièvre.
Chez la femme, les principaux symptômes sont également atypiques : sensation d’épuisement, essoufflement à l’effort et nausées.
Dans toutes ces manifestations asymptomatiques ou trompeuses, chez les femmes et chez les personnes qui présentent au moins un facteur de risque cardiovasculaire (tabac, stress, sédentarité, hypertension artérielle, cholestérol, diabète, etc.), il est nécessaire de pratiquer un électrocardiogramme (ECG) pour confirmer ou rejeter le diagnostic d'infarctus du myocarde.
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Réaction face à un infarctus du myocarde
Prise en charge rapide
Quelle que soit la forme de l'infarctus, il faut prévenir les secours (15 pour le SAMU et 18 pour les pompiers), car la prise en charge médicale doit être la plus rapide possible.
Si la personne fait un malaise, il faut la mettre dans la position où elle se sent le mieux (en général, position allongée) ou PLS (position latérale de sécurité), la questionner sur ce qu'elle ressent (antécédents, moment de la survenue du malaise) et prévenir le 15 (urgences) ou le 18 (les pompiers) en transmettant le maximum d'informations recueillies.
Si la personne fait un arrêt cardiaque, il faut la protéger des risques environnants si nécessaire (passants, circulations, etc.), prévenir immédiatement les secours, pratiquer le massage cardiaque en attendant les secours, utiliser un défibrillateur automatique si un appareil est proche de vous.
La loi n° 2020-840 du 3 juillet 2020 a créé le statut de citoyen sauveteur. Il concerne « quiconque porte assistance de manière bénévole à une personne en situation apparente de péril grave et imminent » (article L. 721-1 du Code de la sécurité intérieure). Ce statut de collaborateur occasionnel du service public permet au citoyen sauveteur d’être exonéré de toute responsabilité civile lorsqu'il résulte un préjudice du fait de son intervention (sauf en cas de faute lourde ou intentionnelle de sa part).
Recherche d'ischémie par électrocardiogramme
L'interprétation d'un électrocardiogramme (ECG) s'attache à rechercher, parmi 12 dérivations, les signes concordants d'ischémie myocardique (dette d'oxygénation et nécrose du muscle cardiaque).
Ces 12 dérivations sont autant d'« angles de vue » qui explorent différentes zones du cœur : la paroi antérieure, le septum inter-ventriculaire, la paroi latérale, la paroi inférieure, le ventricule droit.
S'il y a ischémie, il doit exister une ou plusieurs zones du muscle cardiaque qui souffrent. L'électrocardiogramme permet de montrer quelles sont les zones qui souffrent en contraste avec les zones restées saines.
L'électrocardiogramme consiste donc en une approche topographique. Il recherche le lieu où s'est produit l'infarctus. Il détecte ainsi le centre de l'ischémie (où elle est la plus profonde), les zones adjacentes ou d'extension et les modifications induites par la nécrose concernent le complexe QRS (correspondant à la contraction des ventricules et de la repolarisation qui correspond à la relaxation des ventricules).
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Facteurs de risques et prévention de l'infarctus du myocarde
Facteurs de risque
Les facteurs de risques essentiels qui peuvent mener à l'infarctus du myocarde ou IDM sont :
- le tabac (risque multiplié par 3 chez les fumeurs chroniques et multiplié par 1,6 chez les fumeurs de 1 à 9 cigarettes par jour, indépendamment du type de tabac) ;
- l'excès de cholestérol ;
- le stress ;
- le sexe masculin ;
- l'hérédité ;
- le diabète (responsable chaque année en France de 12 000 hospitalisations pour infarctus du myocarde) ;
- les maladies parodontales (les traiter diminuerait de 14 % le risque de décès par infarctus) ;
- l'hypertension artérielle ;
- la consommation prolongée et/ou répétée d'inhibiteurs de la pompe à proton (augmentation de 20 % du risque d'infarctus quel que soit l'âge).
On associe d'autres facteurs environnementaux :
- l'exposition à l'air pollué, notamment à la pollution routière ;
- le stress au travail (23 % du risque d'infarctus en cas d'exposition à un stress au travail, par rapport aux personnes non exposées à ce type de stress) ;
- la sédentarité (insuffisance d'activité physique régulière) ;
- le temps passé devant la télévision (selon une étude britannique ceux qui regardent la télévision plus de quatre heures par jour sont les plus exposés au risque de maladies coronariennes) ;
- l'insomnie.
Prévention de l'infarctus
Pour limiter au maximum les risques d'infarctus du myocarde il faut pratiquer une activité sportive régulière et privilégier une alimentation saine et équilibrée.
Les fruits, les légumes, les graisses de type Oméga 3 et Oméga 6 renforcent les parois cellulaires cardiaques. Les fruits, légumes, Oméga 3 et 6 et, d'une manière générale, les antioxydants, préviennent l'oxydation du cholestérol et empêchent l'apparition de maladies cardiovasculaires.
Le poisson notamment est riche en oméga-3 et consommer l’équivalent de 100 g de sardines par jour réduirait les risques d’AVC et surtout de crise cardiaque.
Bien entendu il faut également éviter de fumer et faire tout son possible pour limiter les excès de stress.
D'une manière générale, le tabagisme, l'obésité, le stress, l'absence d'activité physique et une alimentation déséquilibrée augmentent significativement les risques d'infarctus.
Au final, avoir une bonne hygiène de vie a autant d'impact sur le risque qu'un faible facteur génétique.
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Situations d'urgences médicales
Sommaire
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