
Le syndrome des scalènes est un syndrome canalaire du membre supérieur caractérisé par la compression d'éléments vasculaires ou nerveux (plexus brachial, vaisseaux sous-claviers) dans la zone délimitée par les scalènes. Focus sur cette atteinte dont le diagnostic est difficile et dont le traitement est souvent médical dans un premier temps.
Syndrome des scalènes : définition
Que sont les scalènes ?
Les scalènes sont des muscles profonds situés au niveau du cou, répartis de manière bilatérale, en avant et sur le côté. On compte trois faisceaux : le scalène antérieur, le scalène moyen, et le scalène postérieur.
Tous s'insèrent sur les vertèbres cervicales, puis descendent dans le cou de manière oblique vers l'extérieur et en avant, pour venir se terminer sur la première côte pour le scalène antérieur et moyen et la deuxième côte pour le scalène postérieur.
Description du syndrome
Le défilé des scalènes est un espace de forme triangulaire, délimité par le scalène antérieur (en avant), le scalène moyen (en arrière), et la première côte (en bas). Le plexus brachial et l'artère sous-clavière (qui devient alors l'artère axillaire) circulent entre les scalènes antérieur et moyen, et la veine sous-clavière passe en avant du scalène antérieur (elle ne passe pas par le défilé). Ce paquet vasculo-nerveux se dirige ensuite vers le creux de l'aisselle.
Les causes du syndrome des scalènes
Le conflit peut être consécutif à certains mouvements ou postures : inspiration, épaule basse, port de charges avec les bras le long du corps, activités répétées au-dessus de la tête, mouvements d'abduction (bras porté vers l'extérieur), adduction (bras porté vers l'intérieur) et de rétropulsion du bras (bras porté vers l'arrière).
Par ailleurs, il peut exister des anomalies anatomiques responsables d'un conflit, comme une côte cervicale, une méga-apophyse transverse de C7, ou la présence de bandes fibreuses. Des éléments musculaires peuvent être en cause, par exemple l'hypertrophie d'un scalène (favorisée par certains sports comme le lancer, la natation, l'haltérophilie), ou la présence de muscles surnuméraires.
Il existe des formes secondaires à un cal osseux suite à une fracture de la clavicule, à une tumeur, à une scoliose cervico-dorsale, ou encore à un traumatisme cervical par formation de cicatrices fibreuses sur les scalènes.
Symptômes liés au syndrome des scalènes
Le syndrome des scalènes est à l'origine de symptômes variés : douleurs, troubles neurologiques ou troubles vasculaires, et touche préférentiellement les femmes entre 30 et 50 ans, surtout dans des cas de forme neurologique. Les formes veineuses sont en revanche plus fréquentes chez les hommes. Les formes artérielles sont très rares.
On distingue 3 types de syndromes du défilé des scalènes dont les manifestations sont variées et peuvent être aussi bien discrètes que bruyantes.
Les formes neurologiques
Les formes neurologiques sont les plus fréquentes. En fonction des racines du plexus comprimées, elles associent des sensations de fourmillements et des douleurs au niveau du bras, de l'avant-bras, de l'épaule, ou de la région cervicale :
- Les troubles surviennent particulièrement à l'occasion d'efforts comme le port de charge, ou lors de gestes de frappe. Parfois certains territoires cutanés du membre supérieur présentent une baisse de la sensibilité (hypoesthésie).
- Peut apparaître une perte du volume musculaire (atrophie) au niveau de la main, des difficultés à prendre des objets ou une maladresse des doigts.
Les formes veineuses
Les formes veineuses se manifestent par un gonflement des mains, une augmentation du volume des veines lors de certains mouvements, ou une cyanose (main bleutée). Dans certains cas, une phlébite (caillot de sang obstruant une veine) peut survenir.
Les formes artérielles
Les formes artérielles, très rares, entraînent une fatigabilité du membre supérieur avec la survenue d'une froideur et d'une pâleur lors du mouvement d'élévation, par exemple pour étendre le linge ou attraper un objet placé en hauteur.
Il peut se produire une ischémie aiguë des doigts, c'est-à-dire leur privation brutale en oxygène par compression artérielle.
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Syndrome des scalènes : diagnostic et traitement
Le diagnostic est évoqué devant des symptômes et un examen clinique évocateurs. Certaines manœuvres orientent vers le diagnostic en récréant la symptomatologie par compression du plexus brachial.
Les examens complémentaires permettent de confirmer le diagnostic, cependant ils objectivent difficilement le syndrome. Ils peuvent comprendre :
- une radiographie cervicale, une IRM ;
- un électromyogramme (EMG), enregistrement de l'activité électrique au niveau musculaire qui permet d'objectiver le trouble neurologique et de localiser le niveau de compression ;
- une échographie doppler, un angioscanner ou une angioIRM, en cas de suspicion de forme vasculaire.
Le traitement est variable selon la cause du syndrome du défilé des scalènes et sa sévérité. En cas de forme neurologique, le traitement est d'abord médical. Il consiste en une rééducation avec un kinésithérapeute, accompagnée de mesures de suppression des facteurs favorisants comme le port de charges lourdes, la limitation de certains mouvements dans les activités professionnelles, et la correction de la posture.
La chirurgie est proposée en cas d'échec ou lorsque les symptômes sont sévères. Elle vise à supprimer l'élément compressif. Les tableaux vasculaires bénéficient d'une prise en charge médicale voire chirurgicale à visée de décompression, parfois assortie d'un traitement anticoagulant en cas de complication (phlébite, ischémie).