La leptospirose est une maladie infectieuse d'origine bactérienne qui se transmet principalement par l'urine des rats. Elle touche un million de personnes chaque année dans le monde. Elle est présente partout, y compris en France (600 à 700 cas par mais ce nombre est probablement sous-estimé), mais elle est plus fréquente dans les pays chauds et humides (Asie du sud-est, Pacifique, Amérique latine). Dans les Départements ou régions d'Outre-Mer et les collectivités d’Outre-Mer, la leptospirose est endémique avec une incidence de 10 à 70 fois plus élevée qu’en France hexagonale, selon les territoires.
Source : Santé publique France, 28 août 2023.
À noter : lors de la canicule de l'été 2003, la France métropolitaine a connu une épidémie de leptospirose qui a causé deux décès.
Symptômes de la leptospirose
La leptospirose se manifeste par des symptômes extrêmement variés, allant d'un syndrome grippal (80 % des cas) à une atteinte du foie et des reins potentiellement mortelle (6 % des cas). Le risque d'une forme grave de leptospirose, ou maladie de Weil, est d’autant plus élevé que le traitement antibiotique est retardé ou que le patient présente d'autres facteurs de risque, en particulier l’alcoolisme.
La leptospirose évolue par phases.
Symptômes de la phase aiguë
La phase aiguë se caractérise par :
- une fièvre élevée à 39 °C associée à des frissons et une grande fatigue ;
- des maux de tête, des muscles et des articulations ;
- une conjonctivite ;
- des douleurs abdominales, des vomissements, des diarrhées, une toux et une pharyngite ;
- une éruption cutanée, notamment au niveau des tibias.
Symptômes de la deuxième phase
La chute de la température est suivie d'une deuxième phase, qui peut durer de 4 à 30 jours. Apparaissent alors :
- un ictère, coloration jaune de la peau et signe d'une défaillance du foie ;
- une insuffisance rénale ;
- des troubles du rythme cardiaque ;
- une atteinte méningée (maux de tête, gêne à la lumière, raideur de la nuque) et pulmonaire ;
- des saignements diffus dans 20 % des cas.
La convalescence est longue, marquée par une fatigue prolongée, mais la guérison survient sans séquelles. Actuellement, la mortalité est de 2 à 5 %.
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Causes de la leptospirose
La leptospirose est due à une bactérie appelée Leptospira, dont il existe plus de 300 types différents. Elle est présente dans les eaux et les sols souillés par les urines des animaux infectés, le plus souvent des rongeurs, mais aussi des mammifères domestiques ou sauvages (chiens, bovins, chevaux...).
Cette maladie est une zoonose : l'homme se contamine par contact avec l'urine infectée ou l'eau ou la terre souillée par l'urine des animaux, à travers des plaies cutanées ou les muqueuses, ou par inhalation.
Certaines professions sont particulièrement exposées à la leptospirose par leurs activités comme les agriculteurs, les employés des abattoirs, les employés de voirie, les égoutiers, les pisciculteurs ou les jardiniers. Les activités de loisirs en eau douce représentent aussi un facteur de risque : baignades (rivières, étangs) et sports nautiques. Au niveau mondial, le réchauffement climatique, les précipitations élevées, les inondations et l'urbanisation grandissante (bidonvilles) favorisent aussi la contamination.
À savoir : la leptospirose est reconnue comme maladie professionnelle chez des travailleurs à risque.
Diagnostic et traitement de la leptospirose
Le diagnostic de la leptospirose repose sur l'isolement de la bactérie ou des anticorps créés par l'organisme contre celle-ci (sérologie).
Une antibiothérapie précoce (amoxicilline, céphalosporines ou cycline) réduit la durée et la sévérité des symptômes, en particulier l’atteinte rénale. Le traitement des formes graves nécessite une hospitalisation, avec des mesures thérapeutiques adaptées à chaque complication.
Bon à savoir : les souches bactériennes multirésistantes restent les plus fréquentes chez les bovins (15,2 %) et les équidés (10,4 %).
Prévention de la leptospirose
Les mesures de prévention de la leptospirose telles que la dératisation, le contrôle de l'eau venant des élevages industriels, le drainage des zones inondées, seraient efficaces mais difficiles à mettre en œuvre. À titre individuel, il est conseillé d'éviter les zones humides où vivent les rongeurs et les baignades en eaux mal connues, a fortiori si elles sont troubles ou boueuses.
On recommande également d'éviter de marcher pieds nus ou en sandales ouvertes sur un sol boueux, dans les flaques, eaux stagnantes, ravines (en particulier dans les départements ultra-marins). Et après une exposition à risque il faut impérativement laver les plaies à l’eau potable et bien les désinfecter.
À noter : en France, les chiens sont très largement vaccinés contre la leptospirose.
Les professionnels très exposés (égoutiers, éboueurs, agriculteurs) se protègent par le port de bottes et de lunettes, ainsi que par un vaccin efficace contre L. Icterohaemorrhagiae (responsable de 30 % des cas de leptospirose signalés). Il s'agit de deux injections à réaliser à 15 jours d’intervalle suivies d'un rappel quatre à six mois plus tard (à refaire tous les 2 ans si l'exposition persiste). Pour les voyageurs, il n'y a pas de recommandation vaccinale systématique, mais elle est recommandé chez l’adulte avec le vaccin Spirolept dans certaines conditions.
Sources : calendrier vaccinal 2019 et communiqué du Haut Conseil de la Santé publique (28 juin 2023).
En cas de risque d’exposition ponctuelle à des eaux polluées, un traitement antibiotique préventif est préconisé pour de petits groupes exposés (militaires).
À noter que depuis le 24 août 2023, la leptospirose est inscrite sur la liste des maladies à déclaration obligatoire.