
La fièvre de la vallée du Rift (ou FVR) est une zoonose virale, c’est-à-dire une maladie due à un virus touchant les animaux et pouvant être transmise à l’homme. Ce sont donc les animaux ruminants tels que les ovins (moutons) et les caprins (chèvres) qui sont principalement touchés par cette pathologie sévère (un peu plus que les chameaux et les bovins). En cas de contamination humaine, les symptômes sont tout aussi graves. On vous en parle tout de suite dans cet article !
Fièvre de la vallée du Rift : historique
Le virus concerné appartient au genre Phlebovirus et a été isolé au Kenya en 1931. C’est surtout en Afrique subsaharienne et à Madagascar qu’il sévit, mais avec le commerce de bétail, il s’est répandu au Moyen-Orient, faisant craindre une propagation en Asie et en Europe.
Les dernières flambées d’épidémie de fièvre de la vallée du Rift ont eu lieu, depuis 2000 :
- en Arabie saoudite et au Yémen (87 morts) ;
- en 2003 en Égypte (27 morts) ;
- en 2006 au Kenya, en Somalie et en Tanzanie (494 morts) ;
- en 2007 au Soudan (230 décès) ;
- en 2008 à Madagascar (26 morts) ;
- en 2010 en Afrique du Sud (26 décès) ;
- en 2012 en Mauritanie (18 morts) ;
- enfin en 2016 au Niger (28 décès).
Modes de contamination d la fièvre de la vallée du Rift
C’est en entrant en contact avec le sang (ou les organes) d’animaux contaminés par le virus que la fièvre de la vallée du Rift (FVR) est transmise à l’homme.
C’est par exemple le cas lors de l’abattage ou de la découpe de bétail, de la mise-bas d’un animal ou d’une intervention vétérinaire. De fait, les professionnels les plus exposés à la FVR sont les employés d’abattoirs, les éleveurs et les vétérinaires.
On observe différents modes de contamination permettant au virus de pénétrer dans l’organisme :
- blessure avec un couteau souillé ;
- contact avec une lésion de la peau ;
- inhalation des vapeurs issues de l’abattage d’animaux infectés ;
- consommation de lait cru (ou non pasteurisé) issu d’animaux infectés ;
- via des moustiques (du genre Aedes ou Culex) ou via des mouches se nourrissant de sang à l’occasion d’une piqûre après qu’ils se soient alimentés sur des animaux malades (les moustiques femelles transmettent le virus directement à leurs œufs, les nouvelles générations sont alors porteuses du virus dès leur éclosion).
Bon à savoir : en tant que zoonose, la fièvre de la vallée du Rift ne peut pas se transmettre entre humains et si des mesures de protections normales sont adoptées, la contamination est nulle.
Symptômes de la fièvre de la vallée du Rift
Le virus a une période d’incubation allant de 2 à 6 jours et au cours de cette période, aucun symptôme n’est visible. Lorsqu’ils font leur apparition, on peut distinguer deux formes cliniques : la FVR de forme bénigne et celle de forme grave.
Bon à savoir : chez l’animal, la FVR grave entraîne le décès (90 % des agneaux mais seulement 20 % des moutons adultes et 10 % chez les bovins) et/ou l’avortement des animaux infectés (100 % d’avortements chez les brebis).
Fièvre de la vallée du Rift de forme bénigne
La FVR de forme bénigne est la plus fréquente. Elle se traduit par un syndrome grippal qui se manifeste par :
- une fièvre d’apparition brutale et durant environ une semaine ;
- des douleurs musculaires (myalgies), parfois avec une raideur de la nuque ;
- des douleurs articulaires, notamment dorsales ;
- des maux de tête ;
- une asthénie (faiblesse généralisée).
On peut également retrouver dans certains cas :
- une photophobie (sensibilité à la lumière) ;
- une perte d’appétit et de poids ;
- des vertiges ;
- des vomissements.
À noter : ces symptômes peuvent faire penser à tort à une méningite. Sous cette forme, il arrive néanmoins que la fièvre de la vallée du Rift n’entraîne aucun symptôme.
Fièvre de la vallée du Rift de forme grave
La FVR de forme grave se traduit par une forme oculaire (dans 2 % des cas), une méningo-encéphalite (moins de 1 % des cas) ou une fièvre hémorragique (moins de 1 % des cas également) :
- Dans la forme oculaire de la fièvre de la vallée du Rift, on retrouve les mêmes symptômes que dans la forme bénigne mais ils s’accompagnent de troubles ophtalmologiques qui font leur apparition dans les trois semaines qui suivent le déclaration de la maladie. En raison d’une atteinte de la rétine, les malades présentent des problèmes de vue dont l’évolution est variable :
- soit la guérison est spontanée en quelques mois (50 % des cas) ;
- soit ils entraînent une cécité définitive (50 % restants).
- Dans la fièvre de la vallée du Rift avec méningo-encéphalite (inflammation du cerveau et des méninges), les symptômes spécifiques font leur apparition dans le mois qui suit les premiers signes cliniques. On retrouve :
- des maux de tête violents ;
- des troubles de la mémoire ;
- une désorientation ;
- des hallucinations ;
- des vertiges ;
- dans les cas extrêmes, des convulsions et un coma.
- Dans la fièvre de la vallée du Rift avec fièvre hémorragique, des symptômes graves font leur apparition dès les premiers jours. Ils se traduisent par :
- des troubles hépatiques avec notamment un ictère ;
- des troubles hémorragiques avec hématémèse (vomissement de sang), méléna (présence de sang dans les selles), épistaxis (saignement de nez), purpura, etc.
Dans cette forme particulièrement sévère de la FVR, 50 % des malades décèdent au cours de la première semaine (soit 1 % de tous les malades ayant contracté la FVR).
Bon à savoir : lorsque la pathologie persiste plus de deux mois, des troubles neurologiques graves et irréversibles peuvent survenir.
Traitement de la fièvre de la vallée du Rift
Dans la mesure où la plupart des cas de fièvre de la vallée du Rift chez l’homme sont sans gravité, aucun traitement spécifique n’est jugé nécessaire. Pour ce qui est des cas graves, un traitement symptomatique est instauré.
Fièvre de la vallée du Rift : prévention
On peut prévenir les flambées de FVR chez l’animal en mettant en œuvre un programme durable de vaccination. Le vaccin vivant atténué et le vaccin inactivé qui ont été mis au point sont réservés à l’usage vétérinaire. Le premier ne nécessite qu’une dose mais provoque un avortement chez les animaux en gestation et le second nécessite plusieurs injections et est plus onéreux.
Quant au vaccin à virus inactivé destiné à l’humain, il n’est ni homologué ni commercialisé, son usage reste expérimental chez les vétérinaires et chez les personnes les plus exposées à la FVR. D'ailleurs, d'autres vaccins sont actuellement à l'étude.
En cas de flambée de fièvre de la vallée du Rift dans un troupeau, le seul moyen de limiter la transmission à l’homme est :
- d’éviter les contacts étroits avec les animaux (notamment leurs liquides biologiques à l’occasion de l’élevage et de l’abattage) ;
- d’éviter la consommation de produits animaux (lait cru, viande non cuite) ;
- de se prémunir contre les piqûres de moustique (moustiquaires imprégnées d’insecticide, répulsifs, etc.) ; il est également nécessaire de s’attaquer aux gîtes larvaires des moustiques pour éviter les flambées épidémiques.
Traitement contre la fièvre de la vallée du Rift
Sous sa forme bénigne, la FVR est naturellement éliminée par le système immunitaire. La convalescence intervient généralement dans la semaine qui suit le début de la maladie.
Il n’existe donc aucun traitement spécifique, seule la protection est de mise.