Chikungunya

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Isolé pour la première fois en Afrique de l'Est en 1952-1953, le virus du Chikungunya (qui veut dire « qui se recourbe », « qui se recroqueville ») pourrait en fait s'être manifesté dès 1779 en Égypte et en Indonésie au vu des connaissances acquises depuis ces dernières années.

Aujourd'hui c'est un virus qui touche l'Asie, l'Afrique, les îles Antillaises d'Amérique, l'Amérique du Sud mais aussi l'Europe depuis 2007 où on a répertorié des cas en Italie. La France a été touchée pour la première fois en 2010. Essayons de mieux comprendre la maladie ainsi que les moyens préventifs préconisés.

Qu'est-ce que le Chikungunya ?

Il s'agit d'une maladie infectieuse tropicale. Elle est transmise par l'Homme par l'intermédiaire d'un vecteur : les moustiques femelles du genre Aedes (Aedes aegypti, Aedes albopictus ou moustique tigre) :

  • Elle est due à un virus appartenant à la famille des arbovirus (c'est-à-dire transmis par les arthropodes).
  • Son taux de mortalité moyen est estimé à 1 sur 1000 (Haute Autorité de la Santé, 2013).

Où trouve t-on le Chikungunya ?

C'est une maladie endémique (qui affecte la population d'une région touchée) dans les zones rurales subtropicales africaines mais elle se retrouve le plus souvent sous la forme de flambées épidémiques : épidémies de 2005 à la Réunion, de 2014 aux Antilles Françaises, de 2007 en Italie.

Cette maladie a deux foyers plus particuliers : l'un en Asie et notamment en Indonésie et Asie du Sud-Est et l'autre en Afrique.

Quel est son mode de transmission ?

S'il peut, rarement, être transmis accidentellement via une piqûre. Il peut dans 50 % des cas être transmis au cours de l'accouchement par une mère infectée à son enfant. Et ce, avec des conséquences dramatiques.

Dans la grande majorité des cas, le virus est transmis d'une personne infectée à une autre par l'intermédiaire d'un moustique qui fait office de vecteur.

L'infection se fait alors de la façon suivante :

  • le moustique pique la personne infectée ;
  • le virus se développe pendant environ 10 jours dans le moustique ;
  • le moustique pique une personne saine et en relâchant de la salive à ce moment, infecte une nouvelle personne.

Il faut tenir compte du fait que la personne infectée est "contaminante pour les moustiques" au moment où le virus est présent dans son sang : de 1 à 2 jours avant les signes cliniques, à 7 jours après.

À noter : le moustique tigre (Aedes albopictus) est considéré comme le moustique le plus invasif du monde. Notamment du fait de son incroyable adaptabilité.

Symptômes du Chikungunya

Après une incubation moyenne de 2 à 10 jours, apparaissent les symptômes cliniques qui, classiquement, sont les suivants :

  • une forte fièvre (> 38,5°C) ;
  • des atteintes articulaires invalidantes ;
  • des douleurs musculaires ;
  • des maux de tête ;
  • une éruption cutanée.

On trouve également, moins souvent, une inflammation d'un ou des ganglions lymphatiques cervicaux ou une conjonctivite, des saignements des gencives et du nez.

Les personnes plus fragiles telles que les personnes âgées ou les nouveaux-nés sont susceptibles de présenter des formes neurologiques graves, des pathologies cardiaques.

En cas de doute au vu des signes cliniques, il doit être confirmé en recherchant la présence du virus ou celle d'anticorps spécifiques. On utilise pour cela des techniques d'amplification du génome viral (RT-PCR) ou des sérologies pour mettre en évidence la présence d'immunoglobulines M ou G.

Chikungunya : évolution de la maladie et traitements

Rémission et séquelles

Généralement, en quelques jours, les symptômes cliniques disparaissent.

Cependant, les signes articulaires accompagnés de fatigue, peuvent perdurer plusieurs semaines voire dans le cas des plus fragiles plusieurs mois ou années, s'apparentant alors à une forme chronique. On retrouve cette évolution dans 10 % des cas.

Quel traitement ?

Au jour d'aujourd'hui, il n'existe pas de traitement spécifique au Chikungunya, ni de vaccin. Aussi, le traitement préconisé est avant tout symptomatique pour traiter le fièvre et la douleur. Dans les cas chroniques, on peut prescrire une corticothérapie.

Prévention

La prévention est donc essentielle dans la lutte contre le Chikungunya. Il s'agit d'une lutte anti-vectorielle visant à éliminer les moustiques et à éviter les piqûres.

Individuellement, on peut :

  • porter des vêtements longs ;
  • appliquer des répulsifs cutanés (contenant du DEET, de l'IR3535 ou de l'icaridine) ;
  • utiliser des insecticides sur les vêtements, des moustiquaires à l'intérieur et à l'extérieur de la maison ;
  • dormir sous une moustiquaire ;
  • éliminer les sites de ponte des moustiques dans son jardin : pots de fleurs, récipients divers.

Bon à savoir : en effet, les sites de reproduction des moustiques se situent à proximité des habitations, ce qui constitue un sérieux facteur de risque de Chikungunya.

Collectivement, la lutte anti-vectorielle passe par :

  • l'utilisation précautionneuse d'insecticides sous forme d'épandages ;
  • l'élimination des gîtes larvaires potentiels.

À savoir : le risque de transmission autochtone (c'est-à-dire entre deux habitants du pays où la transmission a lieu) est limité à la période d'activité du moustique vecteur.

Attitude des pouvoirs publics

Mise en place d'une surveillance

Depuis 2006, il existe un plan national de lutte contre le Chikungunya visant à prévenir et évaluer les risques de dissémination. Ce plan renforce la surveillance épidémiologique et entomologique :

  • Cette surveillance est effectuée par l'Institut de Veille Sanitaire qui publie des bulletins épidémiologiques et procure des conseils aux voyageurs.
  • Cette surveillance est renforcée dans les départements où le moustique vecteur est présent (18 en France métropolitaine), pendant sa période d'activité c'est-à-dire de mai à novembre.
  • Elle passe également par la déclaration obligatoire des cas de Chikungunya.
  • Au niveau mondial, l'Organisation Mondiale de la Santé exerce une surveillance similaire et publie elle aussi régulièrement sur le sujet.

Recherches sur le Chikungunya

La flambée épidémique de 2005 à la Réunion a incité la mise en place d'un travail de recherche concernant :

  • des candidats vaccins : en 2015, plusieurs vaccins potentiels sont en cours d'évaluation clinique ;
  • de la recherche fondamentale ou clinique pour comprendre le virus et le vecteur dans leur ensemble.

Identifié dans une soixantaine de pays d'Asie, d'Afrique, d'Europe mais aussi des Amériques, le Chikungunya est une préoccupation désormais mondiale.

Cette mondialisation a entraîné un regain d'études fondamentales et cliniques visant à lutter contre les moustiques vecteurs, notamment le célèbre moustique tigre et à mettre au point traitements et vaccins.

Si ces derniers sont désormais dans les phases d'essais cliniques, il faudra aussi se poser la question de qui vacciner.

Pour aller plus loin :

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