Paludisme

Sommaire

Piqûre de moustique : choix des victimes

Le paludisme est une maladie parasitaire provoquée par les différents types de « plasmodium ». Si le nombre de cas et le nombre de morts ont beaucoup diminué ces dernières années, environ 40 % de la population mondiale est encore exposée à la maladie.

Faisons le point sur cette pathologie, ses traitements et les voies préventives possibles.

Paludisme : une maladie parasitaire

Le paludisme est une maladie potentiellement mortelle due à plusieurs espèces de parasites de la famille Plasmodium :

  • plasmodium vivax ;
  • plasmodium malariae (qui peut entraîner des rechutes jusque 20 ans après la primo-infection) ;
  • plasmodium ovale (qui peut entraîner des rechutes jusque 4-5 ans après la primo-infection) ;
  • plasmodium falciparum.

Les plasmodium vivax et falciparum sont les plus répandus, et falciparum est le plus mortel. Il est responsable de80 % des cas de paludisme et de 90 % des décès.

Le paludisme est transmis par un vecteur, le moustique anophèle femelle. Il peut ainsi être véhiculé d'un hôte à l'autre. La transmission dépend :

  • des conditions climatiques ;
  • de l'immunité humaine dans la région concernée ;
  • de la durée de vie des espèces de vecteurs de transmission.

À noter : il existe un seul cas de contamination inter-humaine directe, lorsqu'une femme enceinte contamine son enfant par voie trans-placentaire. La transmission peut se faire via une transfusion sanguine, même si cela est relativement rare.

Cycle de vie du parasite du paludisme

Le parasite du paludisme pénètre dans l'organisme humain via la piqûre d'un moustique :

  • Il contamine d'abord le foie, puis se retrouve dans la circulation sanguine, tout en subissant diverses transformations.
  • Une fois dans les globules rouges, le parasite, sous forme de « plasmodies », subit de nouvelles transformations.
  • Un même moustique peut contaminer tous les êtres humains qu'il pique.

Symptômes du paludisme

Ils se manifestent entre 8 et 20 jours après la piqûre du moustique. À partir de là, le malade peut présenter les symptômes suivants :

  • forte fièvre ;
  • douleurs diffuses telles que maux de tête, courbatures et troubles digestifs (nausées, diarrhée) ;
  • troubles de la conscience ;
  • ictère (jaunisse) ;
  • atteinte de la fonction rénale.

Ces troubles nécessitent un traitement rapide. En effet, en absence de médicaments, ou en cas de résistance aux médicaments disponibles, l'infection peut évoluer rapidement, voire devenir mortelle.

Différentes sortes d'accès de paludisme

Accès palustre « simple »

Il s'agit de l'accès lié à la primo-invasion :

  • Il correspond aux symptômes des personnes infectées pour la première fois.
  • Lorsqu'il est bien traité, cet accès guérit en quelques jours.

Accès palustres graves dus au P. falciparum

En l'absence de traitement, le paludisme à P. falciprum peut s'aggraver jusqu'à devenir mortel. Le neuropaludisme est une atteinte cérébrale par le parasite via les cellules sanguines infectées. Il peut entraîner le coma, puis la mort :

  • Dans le cas d'un accès palustre non traité, le paludisme touche la personne infectée par cycles successifs, coïncidant avec la multiplication des parasites et l'éclatement des globules rouges.
  • Les symptômes peuvent survenir plusieurs mois ou plusieurs années après la primo-invasion. En l'absence de traitement spécifique, les accès se répètent pendant 3 semaines, avant de disparaître tout en laissant une grande fatigue.
  • Une forme de paludisme chronique, le paludisme viscéral évolutif, a été décrite chez des personnes soumises à des infections massives et répétées qui ne prennent pas de traitement préventif et se soignent mal.
  • Le paludisme congénital est dû à la contamination du fœtus par les parasites ayant traversé le placenta.

L'évolution de la maladie varie selon l'espère parasitaire en cause. Mais chez certains patients, l'accès pernicieux survient d'emblée, sans qu'il n'y ait eu de phase de primo-invasion.

À noter : les rechutes tardives de paludisme, observées lors d'infections par P. vivax et P. ovale, sont dues à la possibilité pour ces espèces de subsister sous une forme latente dans la cellule hépatique de l'homme.

Complications du paludisme

La plupart des cas de mortalité liés au paludisme sont dus aux conséquences des complications de la maladie :

  • atteinte cérébrale ;
  • œdème pulmonaire ;
  • insuffisance de certains organes ;
  • anémie sévère ;
  • récurrence des accès de paludisme.

Outils de diagnostic du paludisme

Goutte épaisse

Une goutte de sang est analysée sous microscope. On peut ainsi déterminer très facilement de quel parasite il s'agit.

Tests rapides

Les tests de diagnostic rapides se présentent sous forme de bandelettes réactives, qui détectent les antigènes spécifiques du parasite présent dans le sang.

PCR (Polymerase Chain Reaction)

Elle permet de détecter l'ADN du parasite en quelques heures, avec une grande fiabilité. Mais elle n'est disponible que dans certains laboratoires.

Bon à savoir : l'OMS recommande que, dans tous les cas présumés, le paludisme soit confirmé par un diagnostic basé sur la recherche des plasmodies, avant tout traitement. La confirmation parasitologique peut être obtenue en moins de 15 minutes.

Traitements du paludisme

Pour l'OMS, le traitement ne doit être initié qu'après confirmation du diagnostic, ou si cette confirmation est impossible à obtenir :

  • Le traitement recommandé est à base d'artémisinine.
  • En France, les experts estiment que s'il y a une forte suspicion de paludisme, et que le diagnostic n'est pas disponible, l'initiation du traitement ne doit pas être retardée.

Traitements préventifs

Le traitement préventif du paludisme est important, que ce soit pour les populations locales ou les voyageurs. Les mesures de prévention du paludisme pour les populations locales peuvent être :

  • des moustiquaires imprégnées d'insecticide ;
  • des pulvérisations d'insecticide à l'intérieur des maisons (efficaces plusieurs mois).

Les voyageurs peuvent faire appel à des traitement antipaludéens. On utilise plusieurs molécules : quinine, méfloquine, halofantrine, pyriméthamine, proguanil, sulfadoxine.

À noter : le traitement préventif doit être prescrit par un médecin. Il tient compte des zones visitées, de la durée du voyage et aussi de la personne (l’utilisation de la chloroquine en prévention est abandonnée du fait d’une balance bénéfice/risque jugée défavorable). En Asie et Amérique tropicale, « la transmission ayant considérablement diminué, il ne reste que peu de situations nécessitant sa prescription avant un voyage touristique ou professionnel dit conventionnel », indique le Haut Conseil de la Santé publique (communiqué du 28 juin 2023).

Traitements curatifs

Les traitements à base de chloroquine, quinine ou méfloquine peuvent également être utilisés en thérapeutique.

Actuellement, le traitement préconisé par l'OMS est fondé sur une association médicamenteuse à base d'artémisinine et d'une autre molécule (ACT).

Résistance aux traitements

Avec le temps, une certaine résistance aux médicaments antipaludéens est apparue :

  • Elle varie en fonction des zones géographiques et inquiète particulièrement les organismes de santé.
  • Ceux-ci mettent une partie de leurs espoirs dans l'élaboration d'un vaccin.

Bon à savoir : dans les régions où le paludisme est hautement endémique, une partie de la population est porteuse asymptomatique, elle développe une immunité naturelle.

Vaccin contre le paludisme

 En 2013, le paludisme a été à l'origine de 198 millions de cas et de 584 000 décès :

  • La lutte contre le paludisme a bien avancé dans les dernières années, mais l'un des obstacles est la résistance des parasites plasmodium aux thérapeutiques actuelles.
  • Aussi, face à cette potentielle impasse thérapeutique, la mise au point de nouvelles molécules devient urgente pour préparer les médicaments à venir.

Par ailleurs, la lutte mondiale se poursuit, avec 55 pays en bonne voie pour atteindre les objectifs de réduire l'incidence du paludisme de 75 %.

Malgré des années de recherche, peu de candidats de vaccins prometteurs ont été mis au point. Cela est notamment dû aux nombreuses transformations que subit le parasite, tant chez l'homme que chez l'insecte.

Toutefois, le RTS,S/AS01 (Mosquirix®) de GlaxosmithKline (GSK) a été recommandé en 2021 par le groupe consultatif d'experts sur l'immunisation (Sage) et le groupe consultatif sur les politiques contre le paludisme (MPAG). Le Sage et le MPAG proposent que tous les enfants de 5 mois et plus, vivant dans les régions où le Plasmodium falciparum circule de façon intense ou modérée, soient vaccinés, via un schéma vaccinal à quatre doses.

Bon à savoir : le Mosquirix® est employé dans un programme pilote de vaccination commencé en 2019 au Ghana, au Kenya et au Malawi, où 800 000 enfants ont reçu au moins une injection vaccinale. Au total, environ 2,3 millions de doses ont déjà été administrées. Avec quelques mois de recul, ses performances se révèlent peu satisfaisantes avec seulement 30 % de réduction des hospitalisations pour paludisme sévère et 40 % de baisse de l’incidence dans les populations vaccinées seulement.

Pour approfondir le sujet :

Ces pros peuvent vous aider