Maladie de Vaquez

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2005 a marqué un tournant dans la compréhension de la maladie de Vaquez car c'est à ce moment que l'on a découvert que dans plus de 95 % des cas, les patients atteints de cette maladie présentent une mutation d'une protéine (JAK2) à l'intérieur des cellules malades. Cette mutation entraînant une prolifération non régulée des cellules à l'origine des globules rouges (Société Française d'hématologie, 2009). Cette découverte a marqué le début du diagnostic moléculaire dans la maladie de Vaquez.

Le point sur les connaissances concernant cette pathologie.

Maladie de Vaquez : qu'est-ce que c'est ?

La maladie de Vaquez est une maladie assez rare et qui possède les caractéristiques suivantes :

  • Elle touche entre 10 et 15 nouveaux cas pour 100 000 habitants par an.
  • C'est une maladie qui touche les plus de 50 ans, aussi bien les hommes que les femmes, avec une légère prédominance masculine.
  • Les adultes jeunes sont rarement touchés et les enfants le sont exceptionnellement.
  • C'est une maladie qui n'est ni héréditaire, ni contagieuse.
  • Dans plus de 95 % des cas, on retrouve une mutation, acquise au cours de la vie, sur la protéine JAK2.

On parle de la maladie de Vaquez comme étant un syndrome myéloprolifératif, c'est-à-dire que la moelle osseuse fabrique « trop » de précurseurs de globules rouges. Cette prolifération entraîne une polyglobulie. On parle de polyglobulie primitive car cette hyperproduction n'entraîne pas l'augmentation d'érythropoïétine sanguine (Epo), par opposition à une polyglobulie secondaire où l'augmentation des globules rouges est liée à une augmentation d'Epo.

Symptômes de la maladie de Vaquez

Les causes de la maladie de Vaquez ne sont pas connues.

On la découvre souvent fortuitement au cours d'examens sanguins de « routine », à un moment où les symptômes cliniques sont encore inexistants.

Symptômes cliniques

Ce sont :

  • une érythrose pouvant s'étendre à l'ensemble de la peau et des yeux (coloration anormalement rouge) voire au palais ;
  • des démangeaisons au contact de l'eau tiède ou chaude ;
  • des douleurs au niveau des doigts et orteils ;
  • maux de tête, lourdeurs, difficultés transitoires de la vie, de certains mouvements dus aux difficultés circulatoires entraînées par l'excès de globules rouges dans le sang ;
  • une augmentation du volume de la rate (splénomégalie).

Symptômes biologiques

La maladie de Vaquez, en tant que polyglobulie, entraîne une augmentation du nombre de globules rouges mais on peut constater d'autres anomalies biologiques :

  • une augmentation modérée des globules blancs et des plaquettes ;
  • un taux d'hémoglobine augmenté ;
  • un hématocrite (volume des globules rouges dans le sang) augmenté ;
  • une augmentation du taux de l'acide urique dans le sang ;
  • parfois, un abaissement de la quantité de fer circulant.

Bon à savoir : au-delà de 56 % d'hématocrite chez la femme et 60 % chez l'homme, la polyglobulie vraie est affirmée. Pour des valeurs augmentées mais en-deçà de celles-ci, on réalise une étude de la masse sanguine : si le volume globulaire total est supérieur de 25 % à la valeur théorique normale, on peut affirmer la polyglobulie vraie.

Diagnostic de la maladie de Vaquez

Les différents paramètres de l'hémogramme peuvent orienter vers le diagnostic d'une maladie de Vaquez.

Il faut donc :

  • Affirmer la polyglobulie vraie par une détermination isotopique du volume globulaire. Cet examen se pratique dans un service de médecine nucléaire.
  • Éliminer une polyglobulie secondaire : en réalisant une échographie abdominale et les gaz du sang artériel. En éliminant le diagnostic de tumeurs ou d'hypoxies.
  • Regrouper les éléments en faveur de la maladie de Vaquez : signes cliniques et biologiques.
  • Confirmer le diagnostic avec des examens complémentaires : dosage de l'Epo, biopsie ostéomédullaire, culture de progéniteurs hémato-poïétiques, dosages (de l'uricémie, des phosphatases alcalines leucocytaires et de la vitamine B12).
  • La biologie moléculaire permet la recherche de la mutation de la protéine JAK2.

Bon à savoir : l'évolution des critères diagnostic de la maladie de Vaquez avec la découverte de la mutation potentielle de la protéine JAK2 a été entérinée par l'Organisation Mondiale de la Santé en 2007-2008. Ces critères diagnostics nécessitent soit 2 critères majeurs et 1 critère mineur, soit 1 critère majeur et 2 critères mineurs.

Critères

Voici les critères pour diagnostiquer une maladie de Vaquez :

  • Critères majeurs : augmentation de l'hémoglobine à l'hémogramme, présence de la mutation JAK2.
  • Critères mineurs : érythropoïétine sanguine basse, poussée spontanée des progéniteurs érythroïdes, hyperplasie des lignées myéloïdes à la biopsie ostéomédullaire.

Complications

Les thromboses veineuses ou artérielles, dues à l'hyperviscosité, l'hypervolémie et l'hyperplaquettose sont les principales complications de la maladie de Vaquez.

À plus long terme (10 à 20 ans d'évolution de la maladie), on peut voir une transformation de la maladie de Vaquez en myélofibrose ou en leucémie aigüe.

Traitement de la maladie de Vaquez

On distingue le « traitement d'urgence », pour réguler un taux d'hématocrite élevé (les saignées), et le « traitement au long cours » pour freiner la production des globules rouges et des plaquettes.

Les médicaments utilisés dans le traitement au long cours sont principalement : l'hydroxyurée (Hydréa®), le pipobroman (Vercyte®). On utilise aussi dans certains cas : le phosphore 32 (pour des patients plus âgés), l'interféron (pour les personnes de moins de 50 ans, sans accident thrombotique). Enfin, les biothérapies commencent à faire une percée dans la prise en charge de cette pathologie.

Par ailleurs, on traite les différents symptômes associés à la maladie de Vaquez : aspirine à faible dose (thrombocytose), antihistaminiques (prurit), alloquinol (hyperuricémie).

La maladie de Vaquez ne guérit pas, aussi, un suivi régulier permet de rendre cette pathologie « chronique » et de diminuer les risques de complications vasculaires.

Ainsi, ce syndrome myéloprolifératif est-il entré dans une nouvelle ère avec l'arrivée de la biologie moléculaire dans son diagnostic (mutation génétique) et des biothérapies dans son traitement. Depuis, la chronicisation de la maladie s'est accentuée, en amenant une espérance de vie des patients plus importante (la mortalité est de 1,6 fois celle de la population générale) et une qualité de vie équivalente à celle de la population générale.

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