Infection urinaire chez l'enfant : le danger des toilettes à l'école

Sommaire

Petites toilettes en école maternelle Thinkstock

Les toilettes sont l'endroit de l'école dont on parle le moins, en famille comme dans l'administration. Un véritable tabou semble régner sur ce lieu symbole d'intimité, porteur d'une image bien éloignée de celle d'un lieu d'hygiène. Elles seraient notamment responsable de nombreux cas d'infections urinaires chez l'enfant.

Alors, certaines peurs sont elles justifiées ? Y a-t-il un risque à fréquenter les toilettes scolaires ?

Un constat contrasté

La représentation des toilettes n'est pas la même selon que l'on est enseignant ou élève. Selon l'Observatoire national de la sécurité et l'accessibilité des établissements d'enseignement qui a enquêté auprès des écoles, collèges et lycées :

  • 28 % des établissements ont signalé au moins un élève refusant systématiquement l'usage des toilettes de l'école.
  • Six établissements sur dix déclarent que le nettoyage des lieux s'effectue une fois par jour, les autres déclarent deux nettoyages quotidiens.
  • Moins nombreux encore sont les enseignants qui signalent des cuvettes inadaptées ou en mauvais état, des portes difficiles à fermer en sécurité, un manque de savon, de papier ou de lavabo.

Le point de vue des élèves, recueilli par l'Observatoire régional de santé Languedoc-Roussillon, est plus sombre. Dans les collèges étudiés :

  • plus de huit élèves sur dix considèrent que les toilettes sont sales et malodorantes ;
  • huit sur dix regrettent l'absence de surveillance ;
  • six sur dix déplorent l'absence de papier-toilette, un nombre insuffisante de cabines ou un manque de fermeture des portes.

Au total :

  • 30 % des enfants déclarent ne jamais utiliser les toilettes scolaires.
  • 40 % disent y aller difficilement.
  • Sept collégiens sur dix préfèrent se retenir que d'utiliser les toilettes !

Conséquences physiques chez l'enfant

Quatre types de conséquences physiques dominent, notamment chez les filles :

  • Les fuites urinaires, pouvant aller jusqu'à l'incontinence qui perdurera à l'âge adulte, sont directement dues au trop-plein de la vessie. Pour échapper à la gêne, les filles évitent de boire et de mener des activités (jeux, sport) qui faciliteraient ces fuites, de mauvaises habitudes difficiles à corriger plus tard.
  • Les infections urinaires, parfois étendues aux organes génitaux externes, sont uniquement dues à la stagnation des urines dans la vessie et, chez la fille, à la brièveté de l'urètre entre la vessie et le méat urinaire. Les germes issus de l'intestin ont ainsi le temps de se développer. Dans les cas extrêmes, même les reins sont menacés par une infection ou l'apparition de calculs. Le risque de contamination par une cuvette contaminée est nul selon tous les spécialistes : cette hypothèse trop facilement évoquée ne sert qu'à éviter de se poser les bonnes questions sur une peur des toilettes à l'école.
  • La constipation répond au même mécanisme : le gros intestin apprend à retenir et conserver les selles, quitte à se dilater anormalement et durablement.
  • Les douleurs abdominales découlent des efforts pour se retenir.

Près d'un quart des collégiennes et 7 % des collégiens disent en souffrir de ce fait et être gênés dans leur concentration en classe, surtout quand l'enseignant refuse de laisser sortir l'élève pendant le cours.

Attention aux accidents dans les toilettes d'école

Chaque année, 300 à 340 accidents survenus dans les toilettes des écoles primaires sont recensés en France :

  • Ils nécessitent dans l'immense majorité des cas une consultation médicale, de simples soins infirmiers moins d'une fois sur dix mais aussi une hospitalisation dans 5 % des cas.
  • Il s'agit le plus souvent de plaies ou de contusions plus rarement de fractures notamment par écrasement des doigts dans la porte. Les membres supérieurs et la tête sont beaucoup plus souvent atteints que les membres inférieurs ou le tronc.
  • L'arrêt scolaire ne dépasse une semaine que dans moins de dix accidents par an.

L'analyse des causes montre une répartition équitable entre trois blocs : matériel inadapté ou fragilisé, défaut d'entretien et comportement des élèves.

Que faire ?

La situation peut être améliorée si chacun (parents d'élèves, enseignants et gestionnaires des locaux) prend conscience des problèmes et souhaite les résoudre :

  • Il existe des normes pour chaque type d'établissement, de la maternelle à l'enseignement supérieur : à chacun de vérifier qu'elles sont respectées, par exemple sur la propreté des lieux, la présence de lavabos avec du savon, la présence permanente de papier toilette.
  • Mais on peut aussi réfléchir sur la trop fréquente disposition extérieure des blocs sanitaires qui oblige les enfants à satisfaire leurs besoins pratiquement en plein air quelle que soit la température extérieure, même en plein hiver.

L'hygiène des besoins s'acquiert bien entendu à la maison, avec les parents, mais elle doit pouvoir s'exercer en toute sécurité et en toute sérénité à l'école.

Besoin d'aller plus loin ?

Ces pros peuvent vous aider